Signalé dans la matinée à proximité du camping de Muntelier au sud-est du lac de Morat, Suisse, le petit fuligule, un mâle, est rapidement repéré parmi une bonne centaine de morillons et milouins, en lisière de roselière devant la forêt du Chablais. Malgré la distance, sa silhouette courte et ses flancs gris plomb, réhaussés vers l'avant de leur tache blanche si caractéristique, trahissent assez facilement sa présence. Après plusieurs minutes d'une observation par trop distante et vu la somnolence entêtée du petit américain, nous tentons une approche par la forêt. Les petits observatoires de bois installés en bordure de roselière devraient pouvoir faire l'affaire… En effet, après avoir grimpé les marches du deuxième, nous apercevons une vingtaine de fuligules par dessus les hampes plumeuses des roseaux, à moins de 50 mètres. Et parmi eux, notre petite rareté d'outre-Atlantique. Toujours aussi endormie. Quelques photos et une heure plus tard, alors que les doigts commencent à geler sérieusement et le soleil (complètement invisible derrière le brouillard) à décliner, nos fuligules s'agitent soudainement comme par miracle (nous n'y croyions plus). Ils se mettent à nager rapidement pour chercher le couvert des roseaux et lèvent donc la tête, exhibant enfin leur bec. Tous, sauf le Ricain qui nageait à toute allure, le bec désespérément fiché dans les plumes! A travers la longue-vue, j'étais sur le point d'assister à sa disparition derrière l'entrelacs des roseaux, lorsque, in extremis, il releva la tête, révélant enfin le cercle blanc de son bec qui lui valait son nom. Le liseré blanc de sa racine m'indiqua même qu'il s'agissait d'un adulte, malgré les quelques traces brunes de l'éclipse qui maculaient encore ses flancs. Et il s'évanouit dans la roselière.
Il était moins une: une observation de fuligule à bec cerclé sans son bec aurait eu comme un arrière goût d'inachevé…
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Décembre 2020
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