Ce samedi matin s'annonçait sans histoire: rendez-vous à 10h du matin dans le Jura neuchâtelois pour le suivi des pérégrinations d'un aiglon fraîchement envolé du nid… Mais les aléas des mouvements aviens en décidèrent autrement. Mes tranquilles préparatifs furent brusquement interrompus par un message : Pie-grièche brune à la Krümmi ! Ce secteur, composé d'un ensemble de surfaces de promotion de la biodiversité (SPB) particulièrement attractives pour les oiseaux se trouvant à deux pas de chez moi, je n'hésitai pas une seconde. Le pique-nique hâtivement emballé, je fonçai sur les lieux de cette apparition improbable. Il était 8h, ce qui me laissait une heure avant de devoir me mettre en route pour les sommets jurassiens. Quelques observateurs, déjà sur place, venaient d'apercevoir l'oiseau qui n'était donc pas le fruit d'une quelconque affabulation… Inondée par le soleil matinal, la haie qui bordait les étangs grouillait littéralement de pies-grièches. Plusieurs familles d'écorcheurs étaient en effet à l'affût sur les buissons; les oiseaux piquaient régulièrement sur des proies invisibles qui évoluaient au sol et remontaient aussitôt se brancher pour avaler leur capture ou reprendre leur patiente observation. Le suivi attentif de ces allers et venues donnait presque le tournis. Mais aucun oiseau ne présentait les caractères espérés. Bientôt une heure d'observation… Je passe de l'autre côté de la haie et détecte soudain un mouvement dans un sureau tout proche. Bien plus proche que là où les écorcheurs étaient postées ! Un coup de jumelle révèle une pie-grièche adulte au masque facial complètement noir, prolongé d'un bec massif dont le gigantisme était accentué par sa coloration d'un noir profond. Aucun doute possible: la pie-grièche brune était devant moi et me présentait sa face dorsale entièrement brune d'où ressortaient le centre des tertiaires plus sombre. Les hochements de sa queue, malmenée par la mue, révélaient l'étagement caractéristique des rectrices. Contre toute attente, l'oiseau se retourna et s'approcha encore de nous; il s'immobilisa quelques secondes sur un prunelier, dévoilant sa poitrine chamois, presque orangée, puis s'enfonça à nouveau dans les buissons où il disparut à nouveau pour plus d'une heure…
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Décembre 2020
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