Gros blocage migratoire depuis bientôt une semaine au sud des Alpes: une dépression sur la Méditerranée provoque un courant du sud très humide avec des fortes précipitations au Tessin. Nombreux gobemouches à collier, faucons kobez, bergeronnettes de Balkans, hirondelles et pipits rousselines, gorges rousses et même un pipit à dos olive ! Le 26.4, les précipitations passent enfin au nord des Alpes et un pipit de Richard tombe à Genève. Au Fanel, c'est presque la Camargue avec 3 ibis falcinelles, 1 échasse, des moustacs, 1 crabier et 1 kobez… Et ce courant du sud apportera même une crécerellette femelle avec un petit groupe de kobez dans la plaine du Wauwilermoos.
Le lendemain, je suis donc en bordure de la célèbre plaine humide. Après avoir levé un pipit rousseline d'un labour, je repère bien vite un groupe de trois kobez posés dans un champ, tantôt à la chasse aux lombrics, tantôt occupés à cleptoparasiter les crécerelles qui chassaient par là. Mais, malgré deux bonnes heures de recherche attentive, pas trace de la crécerellette… Après la pause pique-nique passée à l'abri du vent derrière une haie, arrive un groupe de 4 crécerelles et un superbe mâle de kobez. Tous se mettent à chasser contre le vent, au-dessus d'un pré maigre. J'identifie rapidement, parmi les crécerelles, un mâle adulte, un mâle de 2e année, une femelle adulte et une seconde femelle, visiblement dans sa deuxième année en raison des traces de mue qu'elle portait à l'aile gauche. Ce dernier oiseau était assez intriguant avec ses deux longues rectrices centrales qui dépassaient le reste de la queue. J'avais déjà observé ce caractère chez de nombreuses crécerellettes en Estremadura… Mais cela pouvait tout aussi bien être un effet de la mue… Je n'étais pas convaincu. Puis l'oiseau se posa sur un buisson. Je remarquai alors ses joues très blanches et sa petite tête ronde qui lui donnait une allure "mignonne". Je commençais à y croire… Je m'approchai davantage. Tout à coup la femelle adulte se posa à côté de mon faucon mystère, transformant instantanément tous mes doutes en une évidence absolue: la dernière arrivée était nettement plus grande, la moustache plus marquée et un trait sourcilier sombre lui donnait un air sévère qui faisait totalement défaut à la première. La jeune femelle était donc bien notre crécerellette! Une seconde approche me permettra même de photographier un de ses ongles blancs, alors qu'elle était posée sur un piquet de clôture. Ce perchoir fut même occupé tour à tour par les deux sosies, me permettant d'immortaliser une comparaison de tailles très instructive. Ce délicat problème de détermination ayant été résolu avec succès et méthode, preuves à l'appui, je repris la route du retour avec un air de premier de classe…
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Décembre 2020
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